Ce texte a été révisé le 13 janvier 2022 de manière à ce que le message soit moins vindicatif, plus respectueux des efforts déployés par les paroisses qui célèbrent la messe à l’extérieur. Je suis désolé que la version précédente puisse avoir heurté certains de mes lecteurs. Je vous présente toutes mes excuses.
Sentant que la situation sanitaire causée par la flambée de transmission du virus omicron était en train de lui échapper, le gouvernement du Québec annonçait, le 20 décembre dernier, l’obligation de montrer le passeport vaccinal pour entrer dans une église. Puis, le 6 janvier, c’était la fermeture complète des lieux de culte qui était annoncée. Dès que le passeport vaccinal a été rendu obligatoire, les catholiques se sont organisés pour célébrer des messes en plein air. La plupart d’entre nous avons été réjouis de voir toutes ces photos sur les médias sociaux de fidèles bravant le froid et la neige pour communier au corps et au sang de Notre Seigneur. Mais comme je ne vois jamais les choses comme tout le monde, vous vous imaginerez bien que j’aie senti nécessaire, aujourd’hui, d’apporter un autre son de cloche au concert…
Jésus a enseigné la Communion
Je me demande si on ne serait pas en train de passer à côté de quelque chose en mettant autant l’accent sur la messe et l’Eucharistie. Je me dis que l’occasion nous est donnée d’apprendre à faire Église autrement. Je respecte les efforts entrepris par les équipes pastorales locales pour continuer de célébrer la messe malgré les mesures sanitaires. Mais je me dis que notre Église, en tant que Mère sainte, pourrait profiter de l’occasion de la fermeture des lieux de culte pour nous rappeler que le Christ nous a d’abord enseigné l’importance d’être ensemble et de nous aimer les uns les autres.
Trop souvent, nos assemblées dominicales sont froides et le sens de la communauté est difficilement perceptible. Trop souvent, les bancs sont remplis d’individus qui vont à leur messe sans vraiment ressentir l’importance de poser leur regard sur les autres, de se préoccuper véritablement des gens occupant le banc voisin. Et nous, comme Église, nous avons une responsabilité de faire croître les chrétiens dans la foi, de les aider à acquérir de la maturité dans leur relation avec Dieu. Notre foi n’est pas une foi individualiste, elle est collective. Nous croyons en la communion, qui dépasse la consommation du pain et du vin consacrés. À quel point soulignons-nous l’importance de cette notion? Ne metterions-nous pas trop d’emphase sur les sacrements, risquant ainsi de causer un déséquilibre dans le message de la grâce donnée par la vie, la passion et la résurrection glorieuse de Notre Seigneur?

Communion > Eucharistie
La présence du Seigneur dans le pain et le vin consacrés témoignent du génie parfait, de la bienveillance et de l’humilité de Notre Dieu. C’est un mystère que je n’aurai jamais fini de contempler. Cependant, sa présence ne se limite pas à l’Eucharistie. Cela, nous ne devons jamais l’oublier, et nous devons oser davantage le proclamer! Certains pourraient craindre de dévaloriser la grandeur du Mystère en déclarant à tous vents que Dieu est partout. Or, c’est l’objet de notre foi! Croyons-nous vraiment ce que le Seigneur nous dit dans l’Évangile : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » ? (Mt 18, 20)
Aller à la messe, c’est bien. Mais la communion, ça dépasse la célébration de l’Eucharistie. Il me semble qu’en cette période, nous pourrions nous priver, nous aussi, de communier au corps et au sang de Notre Seigneur, en solidarité avec tous les autres chrétiens qui en sont privés aujourd’hui même, parce qu’ils n’ont pas de prêtres disponibles, ou emprisonnés, ou menacés de mort s’ils le faisaient.
L’Eucharistie à des fins politiques?
Certaines personnes pourraient être tentées de voir la célébration de la messe en plein-air, en plein hiver, comme une manière de manifester publiquement leur droit constitutionnel de croire. Ce droit est bafoué plus souvent qu’à son tour dans toute cette pandémie qui s’étire en longueur. Je partage leur douleur et leur colère, et il me passe souvent par la tête d’organiser de telles manifestations messes. Cependant, je voudrais nous prévenir d’utiliser la messe à des fins politiques. Je pense que si nous voulons collaborer adéquatement à l’établissement du Royaume, si nous voulons répondre à notre mission donnée par le Seigneur de faire des disciples parmi toutes les nations (cf. Mt 28,19), la messe en plein air n’est pas la meilleure solution.
Si vous lisez ce texte, je présume que vous êtes une personne grandement intéressée par la question de la foi et le salut offert par Jésus Christ. Je vous exhorte personnellement à agir en grands frères et grandes soeurs, pour le bien de vos petits frères et petites soeurs dans la foi, qui demandent à approfondir leur relation avec Dieu. Je vous exhorte à cesser de demander plus de messes, et à chercher des manières nouvelles de vivre notre foi, ensemble, en Église, avec le Seigneur.
Deux suggestions
Luc Labrecque organise (entre autres) des célébrations de la Parole sur Zoom. Luc a trouvé en cette plateforme de visio-conférences un outil puissant pour rejoindre la nouvelle génération. Outre ces célébrations quotidiennes de la Parole, il a organisé plusieurs programmes tels que « Les 5 essentiels », « Alpha », ou « L’école de la gratitude ». Ces rencontres portent des fruits de conversion extraordinaires, et je suis convaincu qu’il sera ravi de vous accueillir dans l’une de celles-ci, et même de partager avec vous quelques conseils pour démarrer votre propre groupe de rencontres sur Zoom!
Ma deuxième suggestion serait de regarder cette vidéo de l’abbé Nicolas Tremblay. Bien qu’elle date du deuxième confinement, elle est toujours d’actualité. Vous comprendrez, en la regardant, que je partage son point de vue depuis déjà la publication initiale.
L’Église aura-t-elle grandi après la pandémie?
Toutes ces images de messes extérieures reflètent la foi réellement fervente de partie habituellement cachée de la population que sont les catholiques. Je respecte énormément la quantité d’efforts déployés par les équipes locales pour l’organisation de ces célébrations eucharistiques. Je me demande seulement si c’est vraiment la meilleure solution. Ne serait-il pas plus sage de consacrer le temps et l’énergie de nos équipes pastorales à développer des manières nouvelles de faire Église? C’est la question que j’ose poser aujourd’hui, bien respectueusement envers ces communautés chrétiennes, mais surtout envers Notre Seigneur Jésus Christ, toujours présent de chair et d’âme, dans ce don précieux qu’Il nous a donné en instituant l’Eucharistie. À Lui la gloire, toujours et à jamais!
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